de vous à moi

Toujours rêver de devenir plus grand, voire leader sur son marché et surtout ne jamais renoncer.
Une passion saine et permanente pour son métier est un terrain propice à l’intuition gagnante.
MON PARCOURS EN
QUELQUES MOTS

J’ai débuté dans la vie avec pour seul et unique diplôme un certificat d’aptitude professionnelle de scieur de bois, obtenu à Bagnères-de-Luchon, dans une école destinée aux jeunes ayant du mal à s’adapter au système scolaire classique. C’était en 1950, j’avais donc 14 ans.
À l’âge de 19 ans, un négociant en vins m’a pris sous son aile, Jean Cordier. Il était propriétaire de plusieurs châteaux. J’ai beaucoup appris, et au bout de deux ans, j’ai intégré ses bureaux. Mais je suis vite entré en conflit avec les cadres de cette entreprise car le patron m’avait demandé de vérifier que l’argent de la société était bien dépensé. J’ai voulu trop bien faire, j’ai bousculé la hiérarchie. Un soir, le patron, un homme exceptionnel, m’a appelé dans son bureau et m’a gentiment demandé de chercher du travail ailleurs.
Ce fut un gros revers pour moi, mais aussi une chance formidable. Je crois qu’il le savait.
Une autre personne m’a aidé : un banquier régional, un certain Monsieur Poitevin. Il m’a convoqué et m’a dit que ce qui m’arrivait était injuste, et il m’a expliqué qu’un de ses clients qui importait du Porto cherchait un acquéreur. Cela me tentait mais je n’avais pas d’argent. Ce banquier me l’a prêté, vraisemblablement il devait avoir confiance en moi… Ce n’était pas une multinationale, on était trois dans l’entreprise. Elle s’appelait Greloud.
J’ai vite changé le nom de la société, et elle est devenue William Pitters : cela sonnait plus anglais, et à cette époque, les Anglais avaient une bonne influence à Bordeaux. Au début j’avais une énergie folle. Sauf que je ne connaissais rien à la gestion. J’ai alors suivi des cours du soir à la faculté de Bordeaux. Ces cours étaient réservés aux adultes sans aucune connaissance des affaires.
Peu après, je me suis rendu aux Etats-Unis en voyage d’étude pour rencontrer Bernardo TRUJILLO, économiste et premier théoricien de la grande distribution.
Je me suis alors retrouvé dans l’avion avec Marcel Fournier, le futur créateur de Carrefour, Jean Cam des magasins Rallye, et Gérard Mulliez qui a fondé Auchan à son retour.
En rentrant en France, j’ai demandé à Marcel Fournier de m’aider à vendre mon porto dans ses hypermarchés. Il m’a rendu un service formidable, et cela m’a fait gagner en confiance. J’ai commencé à diversifier mon offre. J’ai innové en créant le whisky William Peel, puis les punchs préparés, les tequilas San Jose.
Je me suis parfois inspiré de ce que faisaient les entreprises américaines.
Et il y eut le succès des vins de Bordeaux Malesan, qui à cette époque sont devenus n°1 en France, au même titre que le whisky William Peel, avec 31 millions de bouteilles par an. Cette entreprise marchait très fort avec de très beaux résultats financiers. Je l’ai vendue et je me suis mis, aidé par des banques, à acheter des grands crus classés, et des vignobles dans le sud de la France et dans 8 pays, pour arriver aujourd’hui à un total de 42.
Durant toutes ces années, mon moteur a été de m’en sortir. Je partais de très bas, j’avais été traité de bon à rien par mon père, qui avant de m’envoyer en apprentissage me mettait trop souvent une feuille de papier épinglée dans le dos où il était écrit «je suis un fainéant». J’allais à l’école avec. Je voulais lui démontrer qu’il s’était trompé. Tout cela implique de grandes prises de risques… Il faut faire des paris. J’en ai gagné, j’en ai perdus aussi. Mais si vous restez alité, vous ne ferez jamais grand-chose. J’ai rencontré de nombreux vents contraires car ma famille n’avait rien à voir avec le vin. À Bordeaux c’est pénalisant. Je ne suis pas d’une grande famille née dans le vin depuis 3 générations.