de vous à moi

Ni moi ni mes frères n’avons eu besoin du Bac.
Un de mes frères a eu son bac, mais a été appelé par le goût de l’aventure, comme militaire. Il est très heureux.
Mon deuxième frère, je n’ai pas voulu qu’il soit militaire et lui ai trouvé un poste de pâtissier à Paris en faisant du porte à porte. Petit à petit, il est devenu très bon, a travaillé dans des palaces et est aujourd’hui directeur dans ce domaine. Il est heureux aussi !
Moi, je n’ai pas dépassé la seconde générale… mais dans mon atelier je suis aussi comblée chaque jour.

Pour nous trois, le point crucial est de suivre ses envies… et bosser, bosser, encore bosser ! La vie et votre métier vous le rendent. On aime se lever le matin.



MON  PARCOURS EN
QUELQUES MOTS

J’étais bonne élève, douée en langues mais fâchée avec les maths. Blocage… J’aimais ça pourtant. J’aimais tout et tout pouvait me passionner ! En cours de maths au collège et au lycée, j’ai fini par décrocher et je passais mon temps à dessiner des BD en série, que mes amies lisaient comme des abonnées au lieu de travailler. 

Avec la crise d’adolescence et les difficultés familiales, j’ai fini par préférer l’école buissonnière… Puis m’intéresser très tôt aux garçons et à la fête. À vouloir devenir styliste pour habiller les femmes dont le corps m’a toujours fascinée… Ma mère me trouvait très bizarre. Elle voulait que je poursuive des études générales… Mon père lui, m’a offert deux livres clé : un d’un styliste, Christian Audigier, qui m’a beaucoup inspirée; l’autre de Manolo Blahnik (fabuleux chausseur). 

C’était fini, je ne voulais plus aller à l’école. Je voulais mordre la vie à pleines dents et travailler dans la mode. Mais venant d’une famille très modeste, et mes parents étant alors en situation de liquidation judiciaire et en plein divorce, on a trouvé une solution miracle au lieu de me faire intégrer une école de mode : les Compagnons du Devoir. Avec l’idée de passer par le savoir-faire manuel comme Coco Chanel !

Alors à 15 ans, j’ai entrepris seule les démarches, j’ai appelé toutes les grandes maisons avec culot et inconscience. Au bout du compte, ça a marché : j’ai été prise à la maison Massaro chez Chanel. Sans savoir rien du monde de la chaussure, ni des tâches qu’on allait me confier.

On m’a posée auprès de mon maître. Pouf ! Ma nouvelle famille… On travaillait avec bonheur, jour et nuit, pour les collections des défilés de mode. La botterie est un monde extraordinaire ! Et je n’ai plus jamais voulu bifurquer vers le vêtement, tellement le travail du soulier me semble attrayant, un genre de beauté capricieuse et inaccessible.

D’abord j’ai eu un premier rdv avec le directeur de la Maison Massaro. Mon père m’attendait dans une brasserie plus bas, dans un quartier très chic. Le salon était doré, on aurait dit la galerie des glaces de Versailles. Je cachais mes pieds sous ma chaise… J’avais mis des mules affreuses de gitane, taille 37, alors que je chausse du 38.5…

J’ai montré mes dessins ridicules ! Et ai déclaré le menton levé comme une bonne campagnarde que j’étais : je partirai d’ici pour habiller les femmes en Russie, et concurrencer Chanel ! Ça a fait sourire (moi j’étais très sérieuse). Donc j’ai été prise rapidement.

J’ai commencé comme apprentie. J’ai ainsi appris une partie du métier chez Massaro, puis l’autre aux Compagnons du Devoir. J’ai raté une bonne quantité de stages pour rester en entreprise, donner un coup de main dans les moments de rush. Mais je rattrapais le temps perdu en faisant des “interstages”, la nuit. Boostée par un fantastique ami d’apprentissage qui disait “pour réussir dans la vie, il faut faire beaucoup plus ! Si tu fais juste ce qu’on te demande, tu n’arriveras à rien”.

Alors j’ai fait plus !

J’ai eu mon CAP. Puis j’ai été médaillée d’or au concours des Meilleurs Apprentis de France. Aux départementales, aux régionales, puis… plus rien ! Ma tête était tellement ailleurs, dans les tourments d’une jeune femme, que je ne pensais pas aux médailles. J’ai oublié de me présenter à la finale, à la grande déception de mon patron. Mais moi, je le sais que mon travail était beau. J’avais été merveilleusement coachée, et c’était tout ce qui comptait.

Ensuite j’ai voulu partir sur le Tour de France au sein des Compagnons du Devoir ! Mais le parrain que j’avais choisi pour intégrer ce tour de France n’avait pas été accepté par la communauté. Alors, comme j’étais butée, j’ai renoncé à poursuivre le compagnonnage et suis restée 4 ans supplémentaires chez Chanel, pour mon grand bonheur, avant de me lancer ensuite à mon compte.

Seule à mon compte n’a jamais été évident, surtout financièrement. Mais c’est toujours une aventure, avec des rebondissements permanents. J’ai d’abord beaucoup sous-traité toutes sortes de maisons de botterie, de France et d’ailleurs. Ça m’a permis de voir plein de méthodes différentes, de me faire la main.

Puis j’ai eu envie de lancer ma marque de souliers. Plus difficile ! Mais c’est encore l’aventure ! ll faut se creuser la tête, chercher ! Moi j’aime ça.

LAtelier Claire Daubé regroupe désormais 3 marques que j’ai créées : Façons de Bottière (au travers de laquelle je crée chaussons et souliers pour tous, en respectant le Vivant, et en exploitant mon propre élevage de lapins heureux !), Tranchets Français (une enseigne de lames artisanales de pointe destinées au travail du cuir de précision, pour les artisans exigeants), et Liseré d’Or (une marque de fabrication de passepoils en peausserie française au tannage végétal, teinté de toutes le couleurs, faits 100% à la main et raffinés, pour un travail en botterie haut de gamme).

Mes passions ? La musique, le dessin, et un certain goût pour les sciences.



mes soutiens

La confiance et l’amour de mes maîtres, et mon père qui a toujours cru en moi. C’est tout. Et c’est plus que tout !!

Cette année j’ai reçu le soutien de la fondation Rémy Cointreau pour m’épauler dans le développement de mon entreprise.

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